déjà la fin de la saison !
La saison de prévision d’avalanche et la production de bulletin sont maintenant terminées pour l’équipe d’Avalanche Québec. Le ski n’est toutefois pas encore terminé ! Pour les adeptes de ski de printemps, la saison du gros sel et des journées chaudes et ensoleillées est à venir. Nous avons été très gâtés en ce qui concerne la quantité de neige reçue pour la saison 2021-2022. Au 30 avril, il reste encore beaucoup de neige au sol, ce qui facilite grandement les déplacements. Avec la température de l’air oscillant autour du point de congélation, des chutes de neige d’avril et le peu d’évènements de pluie, la hauteur du manteau neigeux a seulement descendu de 50 centimètres à notre station à mi-montagne au Ernest-Laforce.
(Une capsule se trouve au bas de cette page !)
les scénarios que l'on peut retrouver en montagne
En date du 30 avril, il y a eu très peu de cycle gel-dégel comme nous en avons l’habitude au printemps. Une dépression stationnaire au sud du Nouveau-Brunswick nous a apporté des conditions hivernales pour la dernière semaine d’avril. Cette dépression n’a pas livré de neige dans les secteurs au sud du parc, mais 5 à 10 centimètres sont tombés au mont Albert et 15 à 20 dans le secteur des Mines Madeleine. Cette nouvelle neige repose sur une croute de regel. Au moment de la tempête, il faut être attentif à la formation de plaque à vent. Étant donné que ces plaques reposent sur une croute, elles sont généralement faciles à déclencher. Par la suite, lorsque la température de l’air se réchauffe ou que les premiers rayons du soleil touchent la nouvelle neige reçue, le danger d’avalanche augmente très rapidement. Il faut y faire particulièrement attention et éviter de les déclencher. Se faire prendre dans une avalanche au printemps n’est pas souhaitable, car la neige sera lourde et très humide et vous entrainera vers des obstacles ou vous ensevelira. De plus, c’est très difficile de pelleter de la neige lourde !
C’est un scénario typique du printemps (froid et neigeux) auquel il faut être conscient et attentif. En le connaissant, il est possible de faire une bonne gestion de déplacement et de groupe et éviter un accident.
Lorsque le soleil apparaitra finalement ou que la température de l’air augmentera, un cycle de gel-dégel va fort probablement commencer. Au début de ce cycle, il faudra porter une attention particulière aux chutes de corniche. En fait, au printemps, c’est mieux d’éviter d’être sous les corniches tout simplement !
Par la suite, la croûte va dégeler en surface. Lorsqu’une petite couche de gros sel se forme sur la croute, c’est à ce moment-là que nous retrouvons les meilleures conditions de glisse. C’est aussi le moment où le danger d’avalanche n’est pas vraiment élevé. Lorsque l’épaisseur de la surface molle et en gros sel qui repose sur la croute est plus importante, il est très fréquent de déclencher une avalanche de neige mouillée sans cohésion. Cela arrivera surtout si vous descendez une pente très inclinée. Cette avalanche peu descendre moins vite que le skieur ou planchiste, mais deviendra de plus en plus grosse au fur et à mesure de sa descente vers le bas de la pente. Il faut donc simplement être conscient que ce type d’avalanche est possible et surveiller derrière son épaule s’il y en a une qui se déclenche. Si c’est le cas, déplacez-vous vers le côté de la pente et laissez-la passer. Ou skiez en vous décalant un peu vers la droite ou la gauche. La neige lourde d’une avalanche de neige mouillée pourrait vous faire perdre pied et vous emporter à un endroit indésirable.
des conseils de déplacements
Un bon conseil est donc de se déplacer tôt le matin, au moment où le danger d’avalanche est faible, et de descendre les pentes au moment où il ne fait pas encore trop chaud. Un déplacement tôt le matin signifie souvent de se déplacer sur une surface glacée. Utilisez donc des crampons à ski (couteaux) ou des crampons pour bottes afin d’avoir le pied stable et d’éviter toute chute sur une surface glacée. Ceux qui ont pratiqué le « self-arrest » peuvent le confirmer, c’est vraiment dangereux et très difficile de contrôler la vitesse et la direction lors d’une glissade incontrôlée et de réussir à s’arrêter.
Il est fréquent d’utiliser la technique du « boot pack » au printemps pour accéder au sommet. C’est souvent plus facile de se déplacer de cette façon qu’avec les peaux d’ascension et le pied peut être très stable (selon les conditions !). Gardez seulement en tête qu’il faut laisser un espace entre chacun de vous. Si la personne en haut du « boot pack » perd pied et glisse vers le bas de la pente, vous aurez le temps de vous déplacer sur le côté. Ainsi, il y aura potentiellement une seule victime et les autres personnes seront prêtes pour aller aider !
Les éléments clé à retenir
Les éléments clés à retenir pour une saison de ski de printemps réussie se résument en quelques points :
- Un petit peu de soleil peut avoir un gros impact: le soleil du mois de mai dégage une forte radiation solaire. Lorsque le soleil fait son apparition, attendez-vous à un réchauffement rapide et une diminution de la cohésion dans les couches à la surface de la neige. Utilisez les différents versants à votre avantage et calculez la durée d’ensoleillement d’une pente pour profiter au maximum de votre journée.
- L’épaisseur de la croute: selon la température de l’air durant la nuit, la croute de regel peut être plus ou moins épaisse. Cela aura un impact sur le temps avant qu’il faille avant qu’elle dégèle et la profondeur de la neige molle. Si vous défoncez profondément dans le manteau neigeux, attendez-vous à ce que les conditions deviennent plus dangereuses. Adaptez donc votre itinéraire et déplacez-vous vers une pente nord qui sera peut-être moins chauffée par le soleil.
- Les chutes de corniches: même si elles ne sont pas présentes partout, une chute de corniche sur un skieur serait un drame ! Il est très difficile de prévoir le moment exact où les corniches tomberont. Il faut faire particulièrement attention aux grandes variations de température et aux changements drastiques.
- Surveillez les réchauffements rapides: dans le même ordre d’idée, un réchauffement très rapide équivaut généralement à une déstabilisation rapide des couches de neige. Consultez la prévision météo et les modèles météo qui sont précis pour la montagne (SpotWx, Windy, Mountain-forecast) et portez une attention particulière au niveau de congélation. La couverture nuageuse est aussi un bon élément à prendre en compte.
- Gardez un œil ouvert sur le MIN: au printemps, c’est le temps de se retrouver entre amis, partager des aventures et prendre un verre au soleil avec les gens de la communauté. Il n’est plus nécessaire de garder des lignes de poudreuse secrète. On peut donc partager avec la communauté les conditions en montagne, les avalanches et autres signes d’instabilité. Avalanche Canada a mis en place le « MIN » (Mountain Information Network) pour la communauté ! C’est maintenant à vous de vous impliquer dans la sécurité en montagne et de partager vos observations. Le « MIN » est accessible sur l’application mobile Ski Haute-Gaspésie (consultation et publication des rapports) et sur le site d’Avalanche Canada.
Avec la quantité de neige encore présente au sol, on peut s’attendre à un peu d’action avalancheuse, mais aussi du bon ski pour les semaines à venir. L’équipe terrain d’Avalanche Québec est maintenant en pause pour la saison estivale, mais on va assurément aller en montagne durant nos journées de congé ! Au plaisir de se croiser sous le soleil et de partager un bon moment.
– L’équipe d’Avalanche Québec